Le Club de la Presse IT B2B s'est réuni pour évoquer « Les collectivités territoriales à l'heure du cloud, du Big Data et de la mobilité », en la présence appréciée de 3 DSI.

Le débat a réuni Bouchaib Hadeg, DSI de la ville de Pantin, Sylvain Gibassier, DSIT de la ville de Saint Germain-en-Laye, Félix Le Bovic, de la Direction Systèmes et Technologies de la DSI de la Mairie de Paris, Claude Baradat, directeur en charge des collectivités chez CGI, Pascal Hoguet, directeur Ville Numérique chez Capgemini, et Sylvie Chauvin, présidente de Markess.

Cette dernière a ouvert le débat en évoquant les résultats d'une étude réalisée par son cabinet d'analyse sur les tendances dans le secteur des collectivités territoriales (nous y reviendrons). « Le digital permet d'arriver à une fin business, à la croisée entre solutions et métiers », nous a-t-elle affirmé, rappelant que ce secteur, avec un chiffre d'affaires de 2,6 milliards d'euros, affiche un taux de croissance annuelle de 1,5 %, sur un marché IT français qui globalement reste plat.

Préoccupations et projets des collectivités

Les préoccupations des décideurs IT des collectivités territoriales vont en priorité vers la relation avec l'usager et la maitrise des dépenses publiques, ainsi que l'amélioration des modes de travail en interne, le rapprochement avec d'autres communautés publiques, et le transfert des compétences.

Les collectivité ne sont plus dans la démarche d'informatisation, elles ont basculé dans celle de l'optimisation, et donc du déploiement de nouveaux processus. Les projets portent principalement sur :

  • 84 % - La dématérialisation des documents et processus ;
  • 74 % - les services numériques pour les usagers ;
  • 58 % - les outils collaboratifs en interne ;
  • 42 % - la mobilité et le nomadisme ;
  • 40 % - les outils d'analyse (mas pas encore le Big Data) ;
  • 40 % - la modernisation des infrastructures.

Structurer autour de la GCR

Pour Bouchaib Hadeg, récemment nommé à la tête de la DSI de la ville de Pantin après avoir coccupé la même poste au Conseil départemental des Yvelines, c'est la GRC (gestion de la relation avec le client) qui est le point central. « La GRC est très structurante pour les collectivités, mais trop souvent les projets sont peu aboutis. Nous devons travailler à l'optimisation des processus et des postes de travail. »

De son coté, Sylvain Gibassier, DSIT de la ville de Saint Germain-en-Laye, constate que « les DSI interviennent sur des projets de plus en plus visibles des citoyens, comme la dématérialisation ou l'école numérique. La DSI passe du mode centre de coût au mode créateur de valeur ». Aidée en cela par l'arrivée de l'internet, mais également « sous la pression du citoyen et par soucis d'économie ».

Même son de cloche à la DSI de la Mairie de Paris, malgré la différence d'échelle (la DSTI de Paris approche des 500 employés après l'intégration de l'assistance informatique). « L'exigence est plus importante de la part des usagers comme des agents. Nous devons répondre rapidement, en mode agile, et sortir des modes habituels ». Un temps chantre déclaré de l'open source, Paris a pris le parti de ne plus développer en interne, tout en continuant de porter sa préférence, lorsque c'est possible, sur des progiciels open source.

Big Data, Open Source et Open Data

L'intérêt des collectivités pour les outils d'analyse ne fait pas référence aux Big Data, auxquelles les DSI montrent leur intérêt, mais n'affichent pas encore de projets. Ce qui est loin d'être le cas pour l'Open Data, à la condition d'y trouver de la valeur. « Le modèle reste à définir pour beaucoup de collectivités via les DSP à négocier et des clauses contractuelles. Nous rencontrons un problème de coût, l'Open Data coûte cher. C'est pourquoi nous cherchons à mettre nos données à disposition des tiers pour développer des services », constate Bouchaib Hadeg. Concernant l'Internet des Objets (IoT), l'intérêt est plus marqué, avec des usages diversifiés, mais reste pour le moment limité à quelques expérimentations autour de la Smart City.

Suivant l'expérience de la Mairie de Paris, qui a réalisé plusieurs aller et retour vers les solutions open source tout en conservant une priorité pour ce modèle à chaque fois qu'il est disponible, les avis des DSI des collectivités sur le libre demeurent contrastés. « Il n'y a pas de solution adaptée à tous les besoins, constate Sylvain Gibassier. Le choix des applications est piloté par le TCO, souvent lié aux partenaires et à la population qui les utilisent, et par notre capacité à créer de la valeur. Mais la bascule sur l'open source est souvent trop chère, sans différence essentielle, et avec des coûts élevés des architectes métiers et de l'interopérabilité avec les solutions en place ».

Le débat se termine sur le constat d'un secteur d'activité particulièrement dynamique, en pleine transformation, mais qui, comme ses homologues du privé, souffre de limitations budgétaires endémiques. Et certainement de contraintes politiques qui n'ont cependant pas été évoquées ici...